Diana, jeune Palestinienne est présente au Village depuis 2 semaines avec d’autres Palestiniens dans le cadre d’échanges réguliers qui se font depuis plusieurs années. Les 40 ans du Village Emmaus-Lescar-Pau et la conférence-débat LE MARTYR DU VILLAGE D’EMWAS 1967 PALESTINE ont été l’occasion de cet échange. Elle nous apporte son témoignage sur son quotidien en Palestine.
Diana a 18 ans et est née à Jérusalem, elle a 3 sœurs et 1 petit frère. « Je suis étudiante en design à l’Université de Beir Zeit où je souhaite me spécialiser dans la mode. Mais je suis également très attirée par la danse qui me permet d’évader mon esprit de cette situation oppressante en Palestine. Le dessin et le coloriage me procurent également ces moments d’évasion. Mais le plus important à mes yeux reste la Nature ».
Diana a un accès très limité à la nature à proximité de chez elle. « Mais dans le petit jardin de ma résidence trône un grand arbre en forme de gros champignon. Mes sœurs et moi, nous sommes approprié ce magnifique olivier et y avons installé à son pied des bancs. Ainsi dès que nous en avons l’occasion nous nous y rassemblons le soir pour discuter ensemble ».
Pourquoi être venue ici ? As-tu rencontré des difficultés pour venir ?
Diana est venue grâce à son père. « Un jour je suis rentrée chez moi pour travailler après l’école et mon père m’attendait. Il m’a dit « Diana, tu veux aller en France ? ». J’ai répondu oui, pensant que c’était encore une de ses blagues, mais j’ai fini par comprendre que c’était sérieux et me voilà ici ».
Elle a accepté la proposition de son père pour plusieurs raisons. « On m’a décrit le Village Emmaus-Lescar-Pau, sa proximité avec la nature et m’imaginer pouvoir être proche d’espaces verdoyants m’a tout de suite séduite. En plus j’ai pu participer à l’activité du Village en travaillant au maraîchage. Je me suis aussi dit que ce serait pour moi une belle expérience et je ne me suis pas trompée. Mais la principale raison est d’une toute autre nature, c’est pour moi une occasion unique de pouvoir échanger, de sensibiliser, alerter des personnes au-delà de nos frontières, de la situation en Palestine ».
Pour illustrer cette situation, Diana évoque les difficultés qu’elle et ses camarades Palestiniens ont rencontrées pour pouvoir venir jusqu’ici. « Pour la Palestine il y a plusieurs identités différentes ». Citoyen Palestinien ou d’Israël, résident de Jérusalem, réfugié… chacune de ses différenciations a ses droits, ses interdits, ses difficultés. « Avec les personnes qui m’ont accompagnées nous n’avons pas les mêmes droits donc pour pouvoir venir, certains ont dû quitter la Palestine en passant par la Jordanie car il leur est interdit de voyager depuis la Palestine. Nous avons dû partir 3 jours avant notre date de départ pour avoir le temps de passer tous les check-points et répondre à toutes les exigences administratives ».
Pourquoi a 18 ans est-il important pour toi de défendre cette cause ?
Il est rare à tout juste 18 ans d’être engagé pour défendre une cause, la tendance est plus à profiter de sa jeunesse mais non seulement le quotidien de Diana mais aussi le passé familial l’incite et lui donne la force de s’engager dans ce combat. « La Palestine est ma meilleure amie, elle est belle avec ses magnifiques paysages, elle possède beaucoup de richesses comme sa gastronomie et dégage une bonne énergie. J’aime ma Palestine mais il est vrai qu’à certains moments je m’essouffle un peu ». Ces moments là ne durent jamais trop longtemps chez Diana. « Défendre la Palestine est très fatiguant mais quand je vois ma grand-mère me parler d’Emwas, je ne peux qu’être remotivée ! »
Effectivement, la grand-mère de Diana est originaire d’Emwas, Emmaus. Village Palestinien, dont les habitants ont été contraints à l’exil, rasé durant la Guerre des Six Jours en 1967. « Ma grand-mère se souvient encore où était sa maison, elle me raconte combien elle aime son village. Certains membres de ma famille ont la permission de venir à Jérusalem donc nous allons de temps en temps faire un barbecue à Emwas pour apprendre à le connaître à travers les témoignages de ma grand-mère relatant son histoire et sa tragédie».
Mais pour Diana ce combat ne se limite pas uniquement à défendre la Palestine. « Ce qu’il s’est passé en Palestine, ce qui se passe en Palestine est un crime contre l’Humanité. Dans ce combat, je défends aussi les droits de l’Homme ».
Le quotidien de Diana est rempli de check-points que de nombreux Palestiniens ne sont pas sûrs de passer. Lorsqu’ils quittent leur maison pour aller faire des courses par exemple, ils n’ont aucune certitude quant à leur retour à la maison, un check-point peut-être fermé et leur stopper le passage, ou pire encore…
La lutte de Diana au quotidien est d’arriver à son école. « Je me lève à 5h pour y aller. Je n’habite pas loin mais avec tous les contrôles il me faut 2h pour y arriver et ça s’il n’y a pas de trafic. Et si par malheur j’ai 5 min de retard à l’école, l’entrée m’y est refusée ! »
Le rêve de Diana pour la Palestine peut nous paraître un peu banal, pour nous français membres d’un pays libre. Mais pour elle cela lui semble utopiste ne serait-ce que d’y penser. Voici ce qu’elle souhaite : « Pour mes amis et moi, pour la Palestine, je souhaiterais un monde sans limite, sans restriction. Où chacun pourrait aller voir la plage quand il le désire, où tous mes amis pourraient apprendre à nager peut importe leur identité ! »
C’est en prenant connaissance de ce souhait que le Village Emmaus-Lescar-Pau a organisé pour ce groupe de Palestinien une sortie à la plage, à Bidart… A défaut d’une plage Palestinienne que l’un d’entre eux, un trentenaire habitant à 20 minutes de la plage n’a pas encore pu connaître !
Comment nous, lecteurs, pouvons-nous vous apporter notre aide, notre soutien ?
« Rien que d’échanger, informer sur ce qu’il se passe nous apporte de l’aide. Les médias israéliens bloquent l’information. En Palestine nous savons ce qu’il se passe mais il est pour difficile d’informer la communauté internationale. Partagez sur les réseaux, informez votre entourage et ce sera déjà beaucoup pour nous ! »
Diana éprouve beaucoup de gratitude d’être ici au Village Emmaus-Lescar-Pau, au calme dans la nature où chaque personne qui la croise, que ce soit un membre du Village, vous client ou promeneur, lui fait un signe de salutation. « Cela me donne beaucoup d’espoir pour l’Humanité ».